On savait le défi sécuritaire de taille au vu de la configuration inédite de ces Jeux de Paris et des menaces sécuritaires qui pèsent sur le pays. Alors que les Jeux Olympiques et Paralympiques se sont respectivement clôturés les 11 août et 8 septembre derniers, on peut définitivement conclure que les Jeux se sont déroulés sans incidents sécuritaires notables. International SOS était mobilisé pour soutenir ses clients directement ou indirectement impliqués par les Jeux, avec du personnel, des invités, et des activités sur place. Une de nos missions principales a été de suivre de très près l’environnement politico-sécuritaire français, et les impacts que celui-ci pouvait avoir sur nos clients. Retour sur les principaux développements, tendances et défis observés en amont et pendant les Jeux.
POLITIQUE
Des Jeux de Paris marqués par une impasse politique
Les Jeux Olympiques se sont déroulés dans un contexte d'impasse politique, à la suite d'élections législatives anticipées fin juin et début juillet, qui ont conduit à un parlement sans majorité et à l'absence de nomination d'un nouveau Premier ministre, et donc de gouvernement, durant les Jeux. Malgré une forte contestation des partis de gauche et des organisations de la société civile, les Jeux ont globalement été marqués par une trêve politique olympique, comme l’avait appelé Emmanuel Macron. Cette trêve a effectivement coïncidé avec les vacances d'été et la suspension des travaux parlementaires.
Les Jeux Paralympiques ont été marqués par des consultations politiques qui ont abouti à la nomination de Michel Barnier au poste de Premier ministre le 5 septembre. Barnier, diplomate chevronné, ancien ministre et commissaire européen, a été choisi pour son expérience et sa capacité à naviguer dans des environnements politiques complexes. Sa nomination vise à apaiser les tensions tant dans la sphère politique que dans les rues, en apportant un style de leadership plus modéré et expérimenté au gouvernement.
MOUVEMENTS SOCIAUX
Dans l'ensemble, les manifestations ont été limitées en nombre, en taille et en intensité pendant les Jeux Olympiques et Paralympiques, en grande partie grâce à un dispositif de sécurité renforcé qui a dissuadé et contenu les escalades. Bien que la participation aux manifestations diminue généralement en France pendant les mois d'été, coïncidant avec les vacances scolaires, il était attendu que les Jeux servent de prétexte pour exprimer des revendications liées à des problématiques socio-économiques, environnementales et à la politique internationale, capitalisant sur la visibilité médiatique de l’événement.
Le déploiement d'un appareil sécuritaire robuste a atténué ce risque, jouant un rôle dissuasif important. De plus, afin d'assurer l'ordre public pendant les Jeux Olympiques, un décret a réglementé les rassemblements du 1er juillet au 15 septembre, permettant aux autorités d'interdire ou de modifier le lieu d'une manifestation jugée susceptible de troubler l'ordre public. Le nombre de décrets interdisant des manifestations a considérablement augmenté pendant les Jeux : parmi toutes les manifestations recensées par International SOS au cours de la période des Jeux, près d'une sur deux a été interdite par la Préfecture de Police, dont 75 % étaient des manifestations pro-palestiniennes, les autres étant liées à l'activisme anti-olympique. Par exemple, le 7 août, la Préfecture de Police de Paris a publié trois décrets afin d’interdire une marche pro-palestinienne (Marchons pour la Palestine), une manifestation statique permanente pour les sans-abri (Utopia 56), et le «Toxic Tour» anti-olympique (Saccage 2024).
Néanmoins, l'insatisfaction publique face à l'incapacité du gouvernement à traiter des problèmes sociaux urgents, tels que le relogement après l’expulsion, l'inégalité économique et les réformes du travail, a alimenté des manifestations de faible intensité et/ou des tentatives de manifestation, ainsi qu'un mécontentement exprimé sur les réseaux sociaux, porté par les activistes anti-olympiques.
Manifestations anti-gouvernementales
L'instabilité politique faisant suite à la dissolution de l'Assemblée nationale, a conduit à de nombreuses actions contre la présidence d'Emmanuel Macron, notamment avant les Jeux de Paris. La reprise des manifestations à l'échelle nationale a été marquée par un rassemblement de grande ampleur menée par La France Insoumise (LFI) le 7 septembre. Ces manifestations contre ce que les opposants appellent le « déni démocratique » d’Emmanuel Macron devraient se poursuivre, d'autant plus à la suite de la nomination de Michel Barnier et la formation de son futur gouvernement.
Manifestations pro-palestiniennes
Une douzaine de groupes pro-palestiniens ont organisé des rassemblements pendant la période des Jeux afin de « donner de la visibilité » au conflit entre Israël et le Hamas. Cependant, après la première semaine des Jeux et à la suite de plusieurs actions où des « actes graves de comportement antisémite » ont été signalés à l’encontre du Comité International Olympique (CIO) et de l'État israélien, la Préfecture de Police a quasi systématiquement interdit les manifestations pro-palestiniennes pour éviter toute escalade.
Manifestations de la communauté juive
Le Conseil Représentatif des Institutions Juives de France (CRIF) a été le principal organisateur des actions de la communauté juive, bien que ces dernières aient été peu nombreuses et peu fréquentées, notamment en soutenant l’association Les Mères de l’Espoir se rassemblant de manière hebdomadaire, ou encore, différentes commémorations de victimes juives d’attaques terroristes, comme celles des attentats des Jeux Olympiques de Munich de 1972.
Activisme environnemental
Les revendications environnementales ont majoritairement été incluses dans les actions et manifestations anti-olympiques, mais des actions isolées ont été identifiées et souvent empêchées. Le 28 juillet, des groupes environnementaux radicaux ont menacé de cibler les aéroports français, selon les services de renseignement de la gendarmerie. L'un des groupes identifiés était Just Stop Oil, militant contre les énergies fossiles et connu pour cibler les aéroports internationaux. Le 4 septembre, plusieurs groupes d'activistes pour le climat, dont Greenpeace, se sont rassemblés à Paris pour protester contre l'ouverture du procès du leader de Sea Shepherd, Paul Watson, arrêté par les autorités danoises le 21 juillet, et la demande d'extradition formulée par le Japon.
ACTIVISME ANTI-OLYMPIQUE
Plusieurs groupes d'activistes anti-olympiques étaient actifs en France, en particulier à Paris, critiques de l'organisation des Jeux de Paris, leurs militants dénonçant les dépenses excessives, les impacts négatifs sur l'environnement et le déplacement de communautés marginalisées. Des mois en amont, ces groupes d'activistes avaient averti sur les réseaux sociaux de leurs actions « massives » à venir contre les Jeux Olympiques. Cependant, le 27 juillet, une série d'arrestations préventives a été effectuée par les forces de l’ordre, notamment contre des membres des groupes Saccage 2024 et Extinction Rébellion, servant de dissuasion significative contre toute autre action de grande envergure qui était envisagée.
Saccage 2024
Ce groupe anti-olympique a organisé plusieurs actions dénonçant les Jeux pour leur impact environnemental et leur « nettoyage social ». Ils ont organisé des manifestations le 25 juillet à la Place de la République, soulignant le déplacement de plus de 12 500 sans-abris et autres individus vulnérables des espaces publics. Le groupe a également mis en place une ligne d'assistance téléphonique ouverte 24/7, offrant depuis début juillet un soutien aux personnes se déclarant comme impactées négativement par les Jeux. Certaines des actions de Saccage 2024 pendant les Jeux Olympiques ont été contrecarrées, principalement en raison de la présence importante de forces de l'ordre.
Le revers de la Médaille
Le 6 août, une action a été organisée Place de la Bastille par des groupes d'activistes anti-olympiques afin de protester contre l'expulsion des sans-abris et des réfugiés par les forces de police. Le Revers de la Médaille et Saccage 2024 ont ajouté des tentes supplémentaires à celles déjà présentes afin de sensibiliser l’opinion publique. Ces actions et tentatives d’action visant à dénoncer le « nettoyage social », qui serait selon eux lié aux Jeux, ont été nombreuses pendant les Jeux.
Manifestations contre la participation d’Israël aux Jeux
Plusieurs actions contre la participation d'Israël aux Jeux de Paris ont été signalées. Par exemple, le 20 juillet, des militants pro-palestiniens se sont rassemblés pour exiger le respect de la décision de la Cour Internationale de Justice des Nations Unies condamnant l'occupation israélienne des territoires palestiniens. Des groupes d'activistes anti-olympiques, comme Révolte Olympique, se sont joints à plusieurs de ces rassemblements.
Extinction Rébellion
Le groupe d'activistes environnementaux Extinction Rébellion (XR), particulièrement déterminé à perturber les Jeux, a organisé diverses formations quotidiennes en ligne, en préparation de leur mobilisation pendant les Jeux. Parmi les formations proposées figuraient des sessions sur la « désobéissance civile », le « contact avec la police » et la « formation juridique ». Bien qu'ils aient planifié de nombreuses actions durant les Jeux, la plupart d'entre elles ont été interdites par la Préfecture de Police de Paris et les nombreuses arrestations préventives effectuées par la police ont grandement dissuadé leurs membres.
Le 17 août, Extinction Rébellion a organisé une marche dans les Alpes pour dénoncer l'organisation des Jeux Olympiques d'hiver de 2030 dans les Alpes françaises, après que le Comité International Olympique (CIO) a attribué ces Jeux à la France. Ils considèrent que ces derniers représentent une menace pour les paysages naturels et la biodiversité.
Activisme anti-olympique International
Le 29 août, le groupe activiste sud-coréen Solidarity against Disability Discrimination (SADD) a organisé des actions de désobéissance civile (« die-in ») dans le métro, sur les routes et près des monuments parisiens, pour critiquer les Jeux Paralympiques. Selon SADD, ces Jeux sont présentés comme des événements défendant les droits des personnes handicapées, mais ils sont devenus « une vitrine pour divers intérêts capitalistes concurrents » qui exploiteraient les droits des personnes handicapées dans chaque pays hôte.
GRÈVES
La menace de grèves planait sur les Jeux de Paris, mais aucune grève d'ampleur n'a eu lieu. Avant le coup d’envoi des Jeux Olympiques, les grèves ont touché divers secteurs et acteurs : la Monnaie de Paris, les danseurs de la cérémonie d'ouverture, les policiers, les agents aéroportuaires parisiens, les agents de sécurité privée, les transports publics, etc. Afin de préserver la paix sociale pendant les Jeux et assurer la continuité des activités, les revendications de ces groupes, représentés par les syndicats, ont globalement été satisfaites.
SÉCURITE
Pour que les Jeux Olympiques et Paralympiques soient un succès, l’organisateur et les autorités publiques avaient bien conscience que la sûreté devait être assurée. Force est de constater qu’aucun incident majeur ne s’est produit. Plus de 35 000 membres des forces de l’ordre, 22 000 agents de sécurité privés et 12 000 militaires ont été mobilisés chaque jour pour gérer efficacement la petite criminalité, contrôler les foules et atténuer la menace terroriste. De plus, ce sont 2 185 policiers étrangers qui ont apporté leur aide. D’autre part, des mesures spécifiques 24/7 ont été mises en place autour de la délégation israélienne, composée de 88 athlètes, considérée comme une cible.
Les événements majeurs tels que les cérémonies d'ouverture et de clôture et les marathons se sont déroulés sans incident. De nombreuses arrestations préventives avant et pendant les Jeux ont permis de réduire les risques. Cependant, Paris a fait face à divers incidents, confirmant la réalité des défis.
L’écosystème de Paris 2024, des Jeux surveillés et investigués
Le 20 juillet, le ministre de l'Intérieur démissionnaire Gérald Darmanin a rapporté que plus de 960 000 enquêtes administratives avaient été menées sur des membres des délégations Olympiques et Paralympiques ainsi que sur le personnel recruté pour l'organisation des Jeux, aboutissant à 4 340 exclusions (fichés S, affiliation à des groupes terroristes, membres de groupes d’activisme extrémiste, espionnage internationale, radicalisme). La collaboration entre les services de renseignement français et étrangers ont permis une analyse complète des menaces, identifiant qu’aucune « menace exogène » ne planait sur les Jeux de Paris.
Vols et petite délinquance
Avec l'afflux de touristes et de délégations, la petite délinquance, telle que les vols à la tire, a constitué un défi pour les forces de l’ordre, en particulier dans les zones très fréquentées comme les transports publics, les abords des sites de compétition, et les sites touristiques. Les patrouilles des forces de l'ordre locales et les mesures de sécurité ont été renforcées dans le cadre du Plan Zéro Délinquance initié par le gouvernement pour réduire la petite criminalité et la délinquance dans ces zones. Si les chiffres consolidés sur la petite délinquance pendant les Jeux ne seront pas disponibles avant plusieurs semaines, rendant difficile l'identification des tendances générales en matière de criminalité, il semblerait que la petite criminalité et la délinquance aient été contenues pendant les Jeux.
Vigilance accrue contre le terrorisme
Avec le système national Vigipirate au niveau maximal tout au long des Jeux, les autorités françaises sont restées en état d'alerte élevé, anticipant d'éventuelles menaces terroristes visant les grands rassemblements et les sites de compétition. La sécurité des sites olympiques, à l’instar de la sécurité de la ville hôte, a été renforcée, avec une présence visible de la police et de l'armée, une surveillance accrue et des mesures de contrôle des foules. Selon des rapports publics, au moins cinq individus soupçonnés de préparer des actes terroristes visant les Jeux de Paris ont été arrêtés. Le 18 juillet, un suspect néo-nazi a été arrêté après avoir planifié une attaque contre le relais de la flamme olympique. Aussi, le 24 juillet, un suspect prévoyant une attaque violente, prétendument pendant les Jeux, a été interpellé. Quelques jours plus tard, le 28 juillet, deux suspects affiliés à l'organisation terroriste État islamique ont été arrêtés alors qu'ils planifiaient une attaque violente durant les Jeux. Le 9 août, un islamiste radical, figurant sur une liste de surveillance de la sécurité d'État (fiché S), a été arrêté à Paris près d'une fan zone.
INTERNATIONAL SOS AU SERVICE DE SES CLIENTS
International SOS était mobilisé pour soutenir ses clients directement ou indirectement impliqués dans les Jeux, avec du personnel, des invités, et des activités sur place. Plusieurs solutions ont été mises en place afin de maximiser notre soutien, notamment grâce à notre présence sur le terrain :
- Bureau dédié aux Jeux de Paris au centre d’assistance de Paris : une équipe dédiée aux Jeux, pour des informations, des conseils et une assistance complète, englobant les fonctions médicales, sécurité et logistique, disponible 24/7
- Veille quotidienne : International SOS a développé un rapport quotidien complet, détaillant avec précision l’environnement sécuritaire et les menaces projetées en lien avec les Jeux de Paris
- Renseignements fiables : grâce aux alertes sécuritaires, aux fiches sûreté pays et villes mises à jour en perspective de l’événement
- Un soutien personnalisé : nous avons soutenu nos clients avec des solutions sur mesure telles que des sessions de sensibilisation, des plans de soutien aux événements, des exercices de gestion de crise, entre autres