Haïti cumule crises humanitaires, sécuritaires, politiques et économiques depuis de nombreuses années (tremblement de terre meurtrier en 2010, assassinat du Président Jovenel Moïse en 2021, absence d’élections depuis 2016, entre autres).
International SOS a soutenu l’évacuation d’étudiants lors de cette période, découvrez notre étude de cas.
Depuis le 29 février 2024, le pays connait un nouvel épisode de violences aigües suite à l’annonce de la création d’une alliance entre gangs criminels – la famille G9 de Jimmy Chérizier, alias « Barbecue » et le G Pep – appelant à une révolution contre le Président par intérim Ariel Henry.
Dans la nuit du 2 au 3 mars, des évasions carcérales ont été orchestrées au sein des deux plus grandes prisons du pays dans la région de la capitale Port-au-Prince, libérant plus de 4000 de détenus. Cette attaque coordonnée par l’alliance criminelle nouvellement créée a coïncidé avec le déplacement au Kenya du Président par intérim au sujet d’une mission multinationale menée par le Kenya, sous l’égide de l’Organisation des Nations Unies. Interdit de fait de rentrer en Haïti sous la pression des groupes armés, Ariel Henry, a annoncé le 11 mars sa démission une fois un conseil présidentiel formé. Ce dernier est en cours de constitution, sous la supervision de la Communauté Caribéenne (CARICOM). A terme, le conseil aura la responsabilité de nommer le prochain Premier Ministre.
À date, il est estimé que les gangs criminels contrôlent 80% de Port-au-Prince. Ces derniers sont ouvertement opposés au conseil présidentiel et à l’envoi de troupes étrangères en Haïti. La capitale et ses communes avoisinantes concentrent l’essentiel de la violence. Les attaques ciblent les infrastructures critiques, à l’instar de l’aéroport international de Port-au-Prince (PAP) qui a fait l’objet de tirs, des commissariats de police, de bâtiments gouvernementaux, de représentations diplomatiques, etc. Récemment, des arrondissements résidentiels jusqu’à présent relativement épargnés, à l’instar de Pétion-Ville, où résident classe politique et expatriés, ont été le théâtre de violences inédites.
La probabilité que des actes criminels d’une violence extrême continuent de se produire dans les prochains jours est très élevée. La réponse des chefs de gangs aux développements politiques, en particulier ceux associés au conseil présidentiel, sera déterminante vis-à-vis de l’environnement sécuritaire. Dans ce même temps, la police nationale haïtienne et les forces militaires continueront d'éprouver des difficultés à lutter contre les activités des gangs.
INTERNATIONAL SOS CONTINUE DE RECOMMANDER L’ÉVACUATION TOTALE DU PAYS en raison de l’environnement sécuritaire hautement dégradé et des options logistiques très limitées (routes bloquées, suspension des liaisons aériennes commerciales, fermeture du port commercial de Port-au-Prince), et de surseoir à tout déplacement.
NOTRE ACTION SUR LE TERRAIN
Le 20 mars, International SOS a organisé l’évacuation par hélicoptère de 16 personnes depuis Port-au-Prince et à destination de Saint-Domingue (République dominicaine). International SOS et ses partenaires ont assuré en personne le soutien logistique et médical des évacués à leur arrivée sur le sol dominicain.
Cette mission d’évacuation a été minutieusement planifiée avec le soutien de nos partenaires sûreté sur le terrain, des autorités américaines, haïtiennes, dominicaines, les organismes d’aviation civile concernés, et a requis un travail approfondi de diligence des opérateurs (certifications pilotes, permis, assurances, maintenance, etc.).
Un énorme travail a été réalisé en amont de l’évacuation : sécurisation du lieu de regroupement des évacués, mise en place d’un convoi sécurisé jusqu’à l’héliport (véhicules blindés, agents de protection rapprochée, équipe de réaction rapide), sécurisation de l’héliport, et cela grâce à des relations robustes, de longue date et de confiance avec nos partenaires sur le terrain.