Pourquoi avoir des plans d’évacuation en place ?
Au-delà des raisons évidentes de mise en sûreté de son personnel impacté par une situation sécuritaire détériorée, les plans d’évacuation s’inscrivent pleinement dans la stratégie de gestion des risques sécuritaires d’une organisation. Cela fait partie intégrante des obligations de sûreté qui incombent à l’employeur en vertu du Devoir de Protection.
En outre, la planification de l’évacuation est un moyen d’atténuation du risque à part entière au sein de la norme ISO310301: « il convient qu’un organisme planifie, avec les prestataires tiers pertinents, la nécessité éventuelle d’une relocalisation, d’une mise à l’abri sur place ou de l’évacuation du personnel des zones soumises au danger ».
- La norme ISO 31030:2021 est un recueil de bonnes pratiques relative à la gestion des risques santé et sûreté liés aux voyages professionnels.
Un plan d’évacuation est-il systématiquement synonyme d’évacuation ?
Un plan d’évacuation peut en effet se traduire, en dernier ressort, par une évacuation. Pour autant, le scenario de l’évacuation ne peut être le seul préparé. En effet, les scenarii du confinement en lieu sûr et de la relocalisation au sein du pays sont bien souvent les premières options à considérer, voire à s’imposer, avant celle de l’évacuation.
- Une dégradation soudaine de l’environnement sécuritaire peut nécessiter que le personnel se confine en lieu sûr. Cette posture indique que le personnel reste confiné en un endroit prédéterminé, en évitant tout mouvement et déplacement car de telles actions pourraient augmenter l'exposition au risque. Dans de telles situations, le personnel attend soit la fin de l'événement de crise s'il est anticipé qu’il soit de courte durée (par exemple : troubles sociaux, manifestations), soit que les conditions soient réunies pour mener à bien une relocalisation au sein du pays, ou une évacuation (axes routiers dégagés, aéroports opérationnels, risques sécuritaires contenus, etc.).
- D’autres situations sécuritaires sont propices à une relocalisation temporaire au sein même du pays. Par exemple, si la capitale est affectée par des troubles sécuritaires qui ont tendance à se prolonger, mais que le reste du pays en est épargné, une relocalisation temporaire pourrait avoir lieu dans un autre centre urbain. Cette option est parfois retenue pour les familles, ou les fonctions jugées non-essentielles, afin de se laisser un temps d’analyse de la situation.
- En dernier recours, la décision d'évacuer sera envisagée lorsque les conditions de sécurité ne permettent pas de maintenir le personnel et leurs accompagnants dans le pays et que les dispositions logistiques rendent l’évacuation faisable.
Dans tous les cas, une analyse des risques sécuritaires et des profils concernés doit se faire de manière régulière, de sorte à détecter tout signal faible qui indiquerait qu’une situation sécuritaire se dégrade de manière aigüe et continue dans le temps, ce qui doit permettre de prendre la décision d’évacuer le personnel non-essentiel via les moyens aériens commerciaux réguliers, tant que ceux-ci restent opérants, le plus tôt possible. Dans le cas d’une crise soudaine (coup d’état par exemple), les frontières sont quasi-systématiquement affectées. Cela se traduit notamment par leur fermeture, dont la durée est très variable. Quitter le pays devient donc a priori impossible dans l’immédiat. Si certains États ont des ressources qui permettent l’évacuation de leurs ressortissants par voies diplomatiques, ce n’est jamais un acquis, et la plupart des nationalités se retrouvent livrées à elles-mêmes, et donc à des moyens privés.
Une fois le plan rédigé, quelles sont les prochaines étapes ?
Le plan d’évacuation n’est pas un document statique. Il évolue au gré du contexte sécuritaire et des personnels. Le plan d’évacuation n’a pas vocation non plus à rester entre les mains de la fonction sûreté : il doit être connu par les collaborateurs concernés, testé régulièrement et mis à jour.
Les crises s’anticipent et quand bien même la crise ne prendrait pas la forme d’un des scenarii anticipés, le plan d’évacuation confère un cadre préparatoire et méthodologique inestimable, réduisant l’impact de la crise à la fois sur les collaborateurs, mais aussi sur la continuité des activités.